L éternité c'est.
C'est volontairement que j'y ai mis un point.
Le ciel coule son gris argent loin par dessus mon horizon, de-ci de-là des flaques de nuages s'étalent. Un gris pas triste, pas sombre. Pas une grisaille, juste la promesse d'un jour qui se lève dans la moiteur résiduelle d'un hier caniculaire. Au loin, la découpe des branches d'arbres feuillus simule des dentelles dont on aurait pas trouvé l'usage. Des napperons dessinant des pans d'azur naissant.
Dieu que j'aime vivre. Enfin, Dieu, c'est vite dit, mais pourquoi pas dans ce petit matin prometteur de "riances" du jour. Je sais ce mot n'existe pas! Eh bien il vient de naître Pourquoi juste la dormance et pas la riance? D'un coup j'aime mon mot, la riance des jours d'été sans fin et la dormance des petits matins d'hiver. Pour le reste on verra.
La vue au sol est nettement moins poétique. De ma paillasse au sol, lit improvisé depuis que mon vieux chien ne sait plus trop sauter, je contemple mes arrosoirs, seaux et tuyaux d'arrosage gisant sur le sol dans les hautes herbes, volontairement épargnées par une quelconque tondeuse. Ah ces tondeuses.... ces coiffeuses de pelouses hors desquelles pas un poil, euh, une herbe ne peut dépasser. Ces périmètres bien ordonnés, sur lesquelles on épand des engrais mais aussi des anti/tout, tueurs de trèfle, plantain,et quid des pissenlits et ses horribles aigrettes parachutées à tout va, contrariétés des amateurs de gazon anglais!. Tant d'autres richesses herbeuses encore, maudites par les adeptes du "billard" bien comme il faut. Le gaillet gratteron, l'achillée millefeuille, la ronce, oui une des meilleures, la ronce.. Mais que fait cet imbécile d'humain qui l'arrache avec une haine démesurée, parce qu'elle pique la vilaine. Les chinois n'ont toujours pas compris que nous achetons leur thé alors que nous en avons à profusion. Chez nous, pas besoin de le cultiver, il s'offre partout si on lui prête vie dirait..... là je me dois de faire une parenthèse et de rendre à César ce qui appartient à La Fontaine. L'original est:
"Petit poisson deviendra grand, Pourvu que Dieu lui prête vie ; Mais le lâcher en attendant, Je tiens pour moi que c'est folie : Car de le rattraper il n'est pas trop certain.
Livre V Fable III Le Petit poisson et le pêcheur -
Jean de La Fontaine
Voilà qui rentre dans l'ordre."
Quand on pense aux tonnes de nourritures potentielles, de tisanes, d'infusions, de remèdes que l'humain gaspille, arrache, fait incinérer parfois quand il le jette dans sa poubelle dite normale et qu'on imagine, les gens qui crèvent comme on ne laisse pas mourir un animal de compagnie, tout ça parce qu'ils ont la malchance de vivre là ou rien ne pousse par manque d'eau, y'a de quoi s'arracher les cheveux. Sommes nous vraiment si cons?
Malheureusement, la réponse est OUI! Et je le fus, je le suis d'ailleurs encore sur certains points parce que ce n'est pas facile de faire admettre que le terrain de cette Cité (parc, excusez moi du peu) soit en jachère par fait exprès. Pour eux, à condition qu'ils s'en rendent compte, c'est pas entretenu, sale, négligé, en friche et pourtant, j'y passe un temps certain. Tout est trié, sélectionné afin de gagner du temps et d'avoir celui d'admirer mon oeuvre avant que de partir pour là d'où l'on ne revient pas.
Sera-ce mon dernier combat: préserver cette réparation du petit terrain derrière chez moi? Car bien entendu, dès qu'ils se rendront compte que quelques chardons poussent, la police pourra même intervenir. Ont ils remarqué ces "fossoyeurs du monde de demain" qu'à force de supprimer les dits chardons nuisibles de par leur ignorance, le chardonneret a disparu quasi totalement de nos jardins? Pour ne parler que de ça. Je ne les laisserai pas faire. Si ils m'envoient les "tondeurs", je les mets dehors. Voir mon espace de vie saccagé par la stupidité me serait insupportable. Cependant le risque est énorme et au cas où, je devrai choisir entre préserver le secret du nombre d'animaux mal en point que j'ai recueilli et la défense de l'herbe. Choix cornélien s'il en est. Pourquoi l'absurdité gagne t'elle dans cette dite civilisation? Pourquoi n'aurais je pas le droit comme tout humain devrait le prendre de participer à la guérison de la planète?Pourquoi dois je vivre comme sous tutelle parce que j'occupe un logement social? Nous sommes traités comme dans des logements adaptés. J'y reviendrai. Pour l'heure, je ne veux pas gâcher cette jolie matinée de lendemain d'anniversaire.
Mon anniversaire caniculaire. J'ai accumulé les gaffes, perdu et retrouvé une carte bancaire, oublié le principal au magasin, été acheté un tube de coloration (pas bien je sais) pour cheveux et sortie avec des tas de tubes et flacons dont je ne sais que faire. Je regarderai sur le net mais les conseils avisés et professionnels de la jeune fille m'ont entraînée dans une spirale qui m'a coûté cher. Je voulais juste faire quelques mèches, pour un peu uniformiser la couleur de ma chevelure dans l'ensemble.. oui parce que là, j'ai des plaques de châtains, des racines grises et des cheveux coloré s
blond décolorés par le soleil. Vous me direz que c'est sans importance puisqu'à part mon ami/frère et pas le contraire, je ne vois et ne verrai pas grand monde pour juger de mon apparence, coronavirus oblige. Juste un détail, infime mais tellement criant, il y a moi qui chaque matin me voit dans le miroir et ce moi n'apprécie pas. Laisser pousser les herbes en folie, c'est ok, mais mes cheveux, c'est une autre histoire. Je l'ai dit, j'ai des résidus sociétaux qui me collent à la peau. Je souhaitais en fait, faire simplement une coloration grise, pour revenir au naturel mais voilà, vu les mauvais traitements que j'ai infligé à ma malheureuse tignasse, il semble que le travail ne puisse se faire à domicile et que les orfèvres que sont les coiffeuses, seraient seules compétentes moyennant une somme pour moi astronomique.Au final, j'aviserai à utiliser au mieux ces produits chimiques qui contredisent mes idées profondes. Envie de plaire encore un peu? un jour, une heure, une nuit? ou simplement pas envie qu'on se retourne sur moi avec pitié? Je ne sais. Ce qui est c'est et c'est ainsi.
Le soleil se lève,dans un horizon doré.Tout s'illumine , les arbres ressemblent à des sapins de Noël enguirlandés. A nouveau, la magie opère et me revient une chanson apprise à l'école.Je viens de voir de qui c'était et ça ne gâche pas mon plaisir de la retrouver, bien au contraire. Je partage avec vous qui lisez;
LE MENUET D'EXAUDET
Cet étang
Qui s'étend
Dans la plaine
Répète au sein de ses eaux
Les verdoyants ormeaux
Où le pampre s'enchaîne
Un ciel pur
Un azur
Sans nuages
Vivement s'y réfléchit
Le tableau s'enrichit
D'images
Mais tandis que l'on admire
Cette onde où le ciel se mire
Un zéphyr
Vient ternir
La surface
D'un souffle il confond les traits
L'éclat de tant d'objets
S'efface
Cet étang
Qui s'étend
Dans la plaine
Répète au sein de ses eaux
Les verdoyants ormeaux
Où le pampre s'enchaîne
Un ciel pur
Un azur
Sans nuages
Vivement s'y réfléchit
Le tableau s'enrichit
D'images
Je le chante encore dans ma tête même si je me dit qu'il serait temps que j'aille voir ce que sont les ormeaux, le pampre et sans doute une photo de Zéphir. Pourquoi nous avoir fait si souvent chanter des trucs dont nous ne connaissions ni sève ni sa dent?Euh, ni Adam et Eve quoi.
J'avais 12 ans. Il y a longtemps.
Car oui c'était mon anniversaire hier et je le préparais depuis des mois au travers de formulaires administratifs à faire chier un canari (une de mes poules est malade, elle est constipée et c'est pas drôle, mais je suis dans cette image, désolée). Je n'aimle pas la partie administrative de ma vie, ces démarches à n'en plus finir qui pour se marier, déménager, quand on perds ses papiers et pire quand vous vous les êtes fait voler. Envie d connaitre le voleur et de lui dire: ok gars, t'as piqué mon portefeuille mais rend moi les papiers... Oui mais non, c'est rare, comprennent pas qu'ils savent rien en faire, alors qu'ils les déposent quelque part. Je saute du coq à l'äne tout en espérant que vous me suivez, auquel cas, vous êtes les meilleurs lecteurs de l'univers. Donc, j'ai eu un nouvel annif. Je me répète, je vieillis, je m'étiole, c'est pas triste, non.
Je passe du régime chômage au régime pension comme je suis passée du régime travail à rien (alcoolique à 30 ans) puis du rien au minimex (RMI) du RMI au travail forcé pour avoir le chômage et me voici à la pension. Mais quel "biesse" parcours sociétal. Heureusement il y avait le black, travail au noir. Illégal me direz vous, bah, il serait temps de revoir cette conception car celui qui paie en noir, n'aurait pas les moyens, dans la plupart des cas, de payer déclaré. De plus, ces occupations m'ont permis de faire stériliser mes chats. J'ai fait du black chaque fois que j'en avais besoin puisqu'il n'y avait rien d'autre pour moi. J'en suis fière, j'ai ainsi prouvé que je pouvais subvenir à mes petits suppléments de nécessités. Comprenne qui pourra.
Eh oui, j'ai eu 65 ans, je me fane comme ces roses que l'on trouve parfois séchées entre deux pages d'un vieux livre de brocante. Le parfum de l'ancien mêlé aux couleurs délavées qui renferme les souvenir d'antan, depuis hier, c'est moi. Je me suis réinscrite sur un site de rencontres comme je l'ai fait si souvent avant, pour ne rencontrer personne, juste ainsi.. pour moderniser le sonnet de Ronsart
Quand vous serez bien vieille
Pierre de Ronsard
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578
Mes idées se brouillent un peu, ma mémoire récente flanche parfois et le gingko biloba ne suffira pas à la restaurer, cependant je lis avec tendresse dans mes rides naissantes que je suis arrivée à ma belle vie. Celle que je souhaitais ou presque. J'ai créé ma bulle parmi les autres, mais en ermite. Je jongle avec mes souvenir avec souplesse. Je bêche, je scie mon bois et je marche, je marche...
J'ai 65 ans, le plein soleil est levé. Encore une belle journée. Merci seigneur.
J'oubliais, l'éternité c'est: avoir une éternelle petite soeur de plus de 40 ans et maman de 3 beaux neveux et nièce. Avoir éternellement la petite dans son coeur et qu'elle vous écrive le jour de vos 65 ans.: Bon anniversaire ma soeur, je t'aime.
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