Et il boit et reboit et il pique son nez au ciel disait Brel
Alcoolique, 33 ans, séparé, un enfant. Bien sûr il boit sans doute comme j'ai bu, parce que grand père est décédé, parce que c'est la fête, son anniversaire, parce que sa mère est malade. Il boit à la santé non des putains d'Amsterdam il ne les connait pas mais cela seul suffirait à lui faire porter un toast à lui-même, juste parce qu'il boit à rien, à son vide d'amour. Y'a personne en face, que des regards désapprobateurs, moralisateurs et pour effacer les regards suspicieux même quand il n'a encore rien bu, soupçonneux de ce qu'il va ENCORE faire!
Mais boire pas que, y'a les copains, ceux qui partagent des joints et ceux qui en vendent, ceux qui parce qu'ils se sont connus enfants font crédit et c'est la valse des dettes, des états, de la colère. Cette colère qui accompagne le manque autant que le whisky ou l'alcool en général.
Le boulot, les parents, la société entière l'a convaincu de se faire désintoxiquer , je vais essayer de lui donner l'envie de guérir.
Je le vois tantôt, à ma demande. Je vais juste lui parler. Ce n'est pas la première fois que j'entreprends cette démarche. Je connais la fatigue des proches, leur désespérance et vient le moment de la démission. Sa pauvre maman ne sait ou donner de la tête, car il y a l'enfant et aussi sa propre mère en soins palliatifs, ses autres enfants, le papa, le boulot. La pauvre sombre peu à peu. Je vais tenter le tour de force de donner quelques clefs à ce gamin.
Sans doute a t'il tâté de tout, tout testé, tout essayé. Je vais lui poser des questions franches, directes, lui donner l'assurance que rien de notre conversation ne filtrera sauf quelques détails réconfortants. Je lui dirai sans ambage, que je connais les manipulations dont nous sommes capables, les mensonges au quotidiens et cet air d'ange pour justifier nos abus, nos rechutes. Peut être y aura t'il ses larmes de crocodiles due à la faiblesse mentale autant que physique.
Il a déjà fait une cure et est donc en rechute, ce qui lui ferme les portes du centre de postcure. Il vit de droite et de gauche, sa maman ne le laisse pas sans toit. Il n'a cependant pas de chez lui. Sans sa mère, il serait déjà sans abri. Je ne vais sûrement pas le mettre face à ses responsabilités vis à vis de sa mère. Ce n'est pas la carte à jouer. Je l'ai entendu une fois encenser sa maman, j'y ai entendu la manipulation Je pense qu'il veut qu'elle continue à l'accepter tel qu'il est. A bout de force, elle ne lui a pas retiré son amour, s'en rend il compte?
Trouverais je les mots qu'il faut? Chaque fois que j'interviens auprès d'un alcolo ou d'un drogué, les mêmes interrogations surgissent, les mêmes précautions à prendre aussi. Seule face au malade, je risque parfois ma vie. Un mot, un geste mal compris et ça tourne au cauchemar et là il faut reparler d'Amour universel. Faire bien comprendre que je suis là pour partager une expérience et rien d'autre. Que seul l'altruisme me guide. Je dois aussi laisser boire ou fumer sans juger, ma mère aurait dit sans "moufter" ce mot existe t'il vraiment? La réponse est oui. Je trouve ce moufter joli.
Tantôt, je me rendrai à ce rendez-vous. Aura t'il changé d'avis? aura t'il consommé? Sera t'il sincère? Il lui faudrait un neuro-psychiatre je crois. Je verrai à confirmer ou infirmer cette idée.
Puis il y à ce chat que j'avais promis de protéger et repris chez moi, mais le chat est retourné et comme, il était de retour dans la maison de sa mamy, il lui a ouvert. Il n'en veut plus, le chat l'énerve mais il la fait rentrer. Que dire? Je me suis baladée avec mon panier à chat, très inquiète, pour apprendre qu'il faudra tout recommencer quand il sera parti. Cette Chérie de 4 ans dont Il avait encombré sa grand mère. a fait deux séjours de quelques heures chez moi, parmi les autres mais refuse de se laisser enfermer Je suis assez d'accord avec elle et j'avais prévu des allers/retours pour la récupérer, le temps qu'elle mange, fasse connaissance avec tout l'amour que j'ai à lui offrir. Il faudra y parvenir et j'espère en l'avenir quand sa maison sera définitivement en d'autres mains, qu'elle n'y trouvera plus personne. En attendant, la pauvre bête reste avec Lui qui n'a même pas pensé qu'il serait bien de la nourrir, tant son état lui ordonnait de cuver. Drôle de monde, bizarre société. Que manque t'il à ce gamin? Certes, ses parents festoient à maintes occasions mis ont une vie sociale dans les normes dirais-je! De bien brave gens.
Sans doute va t'il commencé par me conter tous ses malheurs, ses peines, ses déceptions et je connais par coeur les réponses à lui apporter, la plus percutante étant NON, tu bois parce que tu bois, parce que quand tu arrêtes il y a le manque et que chaque fois tu crois crever. Tu bois parce que tu recherches non à étancher ta soif, non à apprécier ce petit produit sans intérêt pour la santé, tu bois parce que tu es un alcoolique. Tu n'es pas devenu, en toi quelque chose de différent des personnes qui savent s'arrêter, fait que tu continues. Des chercheurs travaillent sur le gène différent n'empêche qu'en attendant, tu ne dois pas consommer d'alcool, de drogue et même pas de benzodiazépine dont tu fais déjà usage.
Rien ne sera facile. J'esquisse le croquis ou plutôt les croquis des diverses répliques à sortir sur des oeufs.
Il a été testé, il n'a pas le coronavirus. Tenterais je le "sans masque" garder juste la distanciation? Je pense aussi aller avec une bière sans acool. Imprimer la confiance, dire je suis comme toi mais je ne prends pas de risque.
Tantôt est un autre moment. Wait and see.
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