Lettre pour la mort du vieux chien

 Une éternité que j'anticipe, n'empêche tu es moins vieux que je le clame . En fait, me suis trompée, tu ne vas pas avoir 15 ans, seulement 14 et encore, tu es dans la deuxième demi année. 13ans et 8 mois que tu as et je ne sais si ça me rassure. Tu es celui que j'ai voulu, choisi et même payé en empruntant l'argent à mon ex-mari qui n'a pas hésité, il me connait, il savait combien tu allais être important pour moi, toi qui depuis quelques mois est devenu mon vieux chien. Je t'ai comme repère, tu as un carnet avec indiqué ta date de naissance. Sur elle on a basé la date de naissance de Julie, petite chienne perdue dans la rue alors que je tu faisait partie de ma vie depuis très peu de temps. J'avoue qu'à 3 mois près, tu ne serais pas ici, toi mon vieux compagnon. 

Me voilà à l'instant interrompue, comme j'aimerais que le verbe interrupter existe, par l'arrivée d'un paon du jour, pauvre papillon tout empêtré dans un bout de toile d'araignée. Qui es tu petit papillon de jour débarquant à 4h30 du matin? Il fait encore noir, d'où viens tu? de quel décédé es tu le "coucou"?  Car j'en suis persuadée, un papillon qui se place intentionnellement sur toi ou très près de toi es un signe, un coucou d'un cher disparu selon la formule consacrée. Je préfère pour ma part ne pas parler de disparition. Personne ne disparaît.  Ces départs physiques de notre dimension me semble de fausses sorties. La preuve? je les entends encore.. même ceux que je ne connais pas. Mais.. laissons là ces considérations, au risque que certains me croient "sur le doux". 

Mon repère disais-je ou plutôt, le point central de tous les calculs souvenirs. Quand Julie a surgi donc, tu fus le décisionnaire réel. Trop occupée à ce moment, je l'ai déposée près de toi parmi les chats et ai continué à écrire ce sur quoi j'étais occupée. Très vite, je vous ai entendu jouer. La pauvre Julie terrorisée sur le chemin ne se ressemblait plus. Les chats suivaient depuis les hauteurs des dessus d'armoires, vos grognements enjoués. petit chef en herbe, tu ignorais encore, et moi de même, qu'elle allait mener la barque. Constatant que la présence de cette petite fofolle ne dérangeait pas l'harmonie de notre foyer, je t'ai annoncé qu'on la gardait sauf si j'avais appris que des personnes la recherchait. Les jours qui ont suivis, j'ai consulté les site s internet traitant les "perdus/trouvés" non sans quelques angoisses. Personne n'a cherché, elle est restée avec nous mais avec toi d'abord. J'en étais un peu jalouse. Tu te désintéressais un peu de moi à son profit. Très vite heureusement, Julie fit partie de ma vie également. Sa bonne petite bouille décoiffée me charmait. Toute rustique, elle adorait jouer les guides dans les endroits broussailleux alors que toi, prudent et quelque peu emprunté, sur tes pattes grêle de caniche, tu trottinais à l'arrière, à mes côtés. 


Julie avait peur des humains, tu sus la rassurer, l'entrainant parfois dans des courses folles . L'effet de surprise passé, elle prenait la tête et toi, Toi bien sûr, habitué à la première place en tout et partout, tu attrapais sa queue dans ta gueule pour la freiner. Que de parties de plaisir, de rire vous m'avez apporté. Nous avons aménagé ton dressage (2 ème saison, tant tu étais "à ta mode") afin que Julie bénéficie elle aussi d'un petit apprentissage. elle apprit à côtoyer les humains, le rappel et quelques bases élémentaires. Pour ta part, tu apprenais aussi mais entre berger allemand, rotweiller, amstaf, tes débuts, à 4 mois, furent les plus bruyants. On entendais que toi, râlant pour ne pas obéir! Petite boule de poils abricot, la malheureuse éducatrice, se devait sans arrêt de te recadrer. Moi, bin, j'avais une grande tendance à te faire la conversation au lieu d'ordre brefs et précis. 


Je n'ai jamais su te résister. J'avais dit: pas sur le lit" dès que tu compris comment sauter, tu t'y installas en maître des lieux. Très tôt, tu m'as dominée. A peine arrivé, tu poussais des petits cris stridents dès que je m'éloignais. Je t'avais enlevé à ta maman. Remarque, le lendemain la dame avait prévu de te  vendre à un magasin de très mauvaise réputation. Ton père t'agressais parait il.  Est ce pour cela que je t'ai toujours pardonné? Quand notre histoire a t'elle avoué que tu es un caractériel? Quand as tu grogné pour la première fois? Quand m'as tu mordue pour la première fois? mais petit bout d'chou, agressé par son père, enlevé à sa mère, je te portais dans un sac jaune, accroché à mon cou. Je suis même allée travailler avec toi. Tu acceptais d'être sage à la condition d'avoir pour coussin, ma veste ou ma doudoune. Je t'installai sous une chaise, mon vêtement à même le sol et j'entreprenais mon ouvrage . J'aime bien le mot ouvrage, il est plus sympa que travail. Il y a oeuvre dedans. Oui j'aime bien. 

Benji qui m'aide à savoir l'âge de spirou arrivé avant toi ou de coup de boule (kali) arrivée après toi. Tu adorais les chatons. Tu m'as aidée souvent à les élever. Je donnais le biberon et tu léchais les petits pour les aider à uriner et déféquer. Tu surveillais leurs allées et venues, gémissant quand ils s'éloignaient. µTu aimais les autres chiens et la plupart des petits animaux. Je t'ai trop fait confiance et tu m'as quand même tué 3 poules. Tu reçu là une correction de première, j'en ai pleuré. J'étais enragée. Mais aussi, ne t'avais je pas souvent donné du poulet cru, moi, végan et acceptant le meurtre de poulets pour toi et les autres? Avais je oublié le rôle du caniche auprès des canards? Plume pour plume, par trois fois tu m'as tué une poule. Dès que je ne t'avais plus dans mon champs de vision, je me précipitais au poulailler. Tu es un petit malin, tu allais déloger de préférence celle qui se trouvait sagement dans le pondoir. Tu as vraiment pris une raclée et je me suis détestée. Je t'ai jusqu'à enfermé dans la salle de bain avec la poule morte, je venais de te donner une baffe chaque fois que ton museau l'approchait. J'ai sangloté, sur les poules et sur moi qui t'avais frappé. Tout cela est loin déjà. J'ai acheté du grillage pour séparer dès que ce fut possible financièrement. Puis j'ai ouvert le grillage en surveillant, d'autres poules sont venues. Jamais plus de 5 en même temps et tu t'es habitué à les côtoyer. L'an dernier, tu jappais encore de joie quand on allait leur ouvrir le matin. Tu ne m'accompagnes plus, tu restes à dormir sur notre paillasse car depuis plusieurs mois, tu as des problèmes pour sauter et chaque nuit, tu me réveillais, pestellant pour tenter de me rejoindre sur le lit. J'ai installer un mousse sur le sol, l'ai complété par de nombreux coussins et couettes de manière à ce que nous y dormions tous. Mes douleurs de fibromyalgique, d'arthrose, bref d'âge, n'ont pas empirer. Au contraire peut-être. 


mon Benji, Beni, Benichou, Ben que comprendrais tes oreilles de chien si je te lisais tout ceci? Rien sans doute. Ta petite tête s'inclinerait et de tes yeux opacifié de cataracte me rappellerait qu'une page s'est ou va se tourner pour moi. Quand ton poils sous les yeux, a t'il viré au gris? Il y a eu pire. Depuis quelques temps, je te croyais encore plus capricieux, n'obéissant que quand tu voulais bien, puis après maintes rouspétance, ce fut la claque! Sourd.. tu devenais sourd. Parfois je vois que tu entends certains sons. Je dois cependant changer mes habitude. Le dressage, le rappel, les assis debout couché, terminé! Je te laisse divaguer en liberté dans le chemin de campagne de nos multiples promenades et quand tu t'en vas '"piam piam" je ne sais ou ni pourquoi, il ne me suffit plus de t'appeler, je dois te courir après. A ta hauteur, je pose délicatement la main sur ton crâne, caresse que tu apprécie de plus en plus, et tes yeux vitreux se tendent vers moi. Que vois tu encore de ta maman? 


Tu es aussi couvert de verrue, des tumeurs bégnignes ou qui sait, ont colonisés ton corps. Souvent tu tousses et j'évite la laisse, ou alors juste pour traverser les rues. Ensuite je te libère que tu puisses avancer à ton rythme. Julie et encore fringante même si point de vue tumeur, la situation s'aggrave aussi. je vous laisse bien tranquille. Vous partirez quand ce sera l'heure.


Mon bébé, je m'y prépare depuis si longtemps, j'essaie de conjurer l'épreuve qui se rapproche, pourtant je ferai tout pour que tu ne souffres pas. je ne le permettrai pas. Chaque nuit tu me réveilles, grognant parce que je t'ai touché dans mon sommeil. parfois tu émets un aboiement; je sursaute, la cardiaque que je suis n'apprécie pas, mais c'est toi, aussi, en 1 seconde, il n'y a plus que ton bien-être qui compte. Je te caresse le dessus du crâne juste pour te dire: c'est moi, c'est maman. Tu as compris mon geste et souvent sous mes doigts te papouillant, tu reposes la tête tout contre moi. Mon ventre se serre, une bouffée d'amour me submerge et je te fais un petit massage comme nous disons. 2h du matin, 3h du matin et finalement je me lève. Tu demanderas des "bonbons" dans la journée, nous irons "pipi-promener" de moins en moins loin, parfois tu iras avec Julie 2/3 heures chez tonton. Depuis le corona virus, nous ne voyons plus personne. Tu aimais tant les visites, tu n'as jamais mordu que moi. 


Tonton dit que tu es grognon. Mon petit caractériel, tu es d'abord et avant tout mon compagnon. A toi comme aux autres, j'aurai tout donné, refusant même une nouvelle vie de couple fut elle provisoire, pour vous conserver votre "chez vous". je ne vous ai pas "tout sacrifié" comme on pourrait le croire. Ce ne fut en aucun cas un sacrifice, juste de l'amour, de la joie avec il est vrai, quelques difficultés, nous ne sommes pas de la même espèce, de la même race, mais comme tous les animaux, nous sommes des Etres vivants. Toi pour encore un peu de temps j'espère, mais quand viendra le temps, le jour, tu ne seras pas mon "cher disparu", j'espère que toi aussi je t'entendrai encore avec ta voix de petit garçon où quelque chose qui s'y apparente. 


Pour clôturer ce chapitre, je voudrais juste te dire: Merci, merci d'avoir fait partie de ma vie et quand tout bientôt ou tout bien tard, tu partiras, je vivrai encore et toujours pour les autres. Je t'aime tant mon Ben. Non pas Laden, même si ça nous a fait rire parfois. 






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