Je m'étais approchée de toi

 Parce que j'y croyais. toutes ces fables qu'on nous raconte, gravées dans mon cerveau m'avaient été inculquées par ceux qui en réalité ne les appliquaient pas. Les comprenaient ils seulement. J'avais  fait miennes et comme d'une distinction personnellement acquise, la morale de ces histoires depuis la Comtesse de Ségur en passant par le reste, tout le reste qu'il me serait suprêmement ennuyeux d'énumérer ici. 


Touche pas à mon pote m'avait exemplarisée aux yeux de ma génération, puis par une futile inadvertance du temps, je ne battai plus la même mesure et m'enquis stupidement de l'intérêt de l'extrême-droite. Oh si peu, à croire que ce n'était pas le moi en quête d'identité, mais juste un moi provocateur et curieux. Style adulescente de merde. J'appris à décliner l'Autre, le différent, sous toute les formes du rejet. J'entrai pieds joints dans le monde des anti, des contre, des renvoie mon pote là d où il vient. J'étais même parvenue à inquiéter mon meilleur ami qui lui sortait à peine du communisme, à ce que je crois me souvenir. 


J'étais de toutes façons, de tous les partis ou plutôt en chacun d'eux, je trouvais ce qui m'intéressait personnellement et j'avoue, qu'il m'eût été bien agréable que l'Etat ma donna un logement et des terres. A la vérité, je n'y comprenais rien clamant toutefois mon grand Savoir sur tout. 


Le temps se dépliait devant mes curiosités diverses et je croisai quelqu'un de nettement plus bronzé que moi. Ce fut, oserais-je le dire, l'étincelle qui "foutu" ou "fouti" (non pas de passé simple pas plus que de passé antérieur au verbe foutre " le feu  à mes plus rigides considérations de qui était l'Autre. Face à un être humain aux yeux de braise et à la voix de feutre, je démordais sur le champ, de mes racistes positions. 


Je me suis approchée... encore et encore, avalant goulument tout ce qui faisait le particularisme  de cette autre société. Je m'enquis même du rap et par voie de conséquence des rappeurs et rappeuses (peu nombreuses il est vrai). Tu n'appréciais évidemment pas que je fréquente d'autres que toi. Au départ, j'ignorai volontairement ta possessivité, subjuguée que j'étais par ces "mauvais garçons", fumeurs de shit, souvent buveurs presque toujours étrangers. Je me familiarisai avec leur langage, leur brusquerie de mal-aimés comme tu l'avais été toi-même


Vint un temps pénible, de menaces de ta part. Pour un rien tu m'insultais (à distance, en face, tu te contentais de remarques qui tuent, de soupçons infondés, d'imaginaires fantaisies que j'étais censée vivre au quotidien, selon ton idée). 


Je n'hésitai pas, je m'approchai encore, même si je ne comprenais pas. Je renonçai avec chagrin à certaines de mes fréquentations, relations pour qui j'éprouvais une forme d'Amour. j'étais soudain passée du côté de l'Amour absolu et inconditionnel pour tout un chacun mais plus encore pour toi. Malgré mes émotions, j'étais prête à te vivre. Tu m'aurais imposé la Burka que je ne m'y serais pas soustraite. Ton image de méchant, de furieux, je la dissimulais sous l'étiquette de la tristesse, de la douleur de cet enfant placé par la DDass. Mais cette absolution, ne la donnais-je pas pour me satisfaire de moi? Comme une expiation de mon récent passé raciste? 


Des circonstances malheureuses firent que tu eus vent de mon désarroi face à l'écart que je m'imposais vis à vis de gens que j'appréciais. Tu fus furieux et je n'entendis plus parler de toi pendant longtemps, très longtemps. 


J'ai continué ma vie, t'envoyant de temps à autre, un mot, une des rares magies d'internet que de rester en contact avec son passé. Un jour, tu me répondis... le bonheur m'avait rattrapée. 


La suite, des allés/retours, on s'aimait, tu ne m'aimais plus, tu me faisais peur mais je revenais. Je pus même passer un peu de temps chez toi,privilège assez rare pour être souligné. Nous avons partagé le même Noël, le même froid et tu t'es occupé de moi. Je reçus de toi des cadeaux inattendus, de ces choses dont j'avais besoin et que je pus me permettre pour me remettre d'un infarctus. mais tout recommençait encore et toujours à chaque fois: tes reculs, tes insultes, tes menaces et mes pardons, mes vaines explications, mes rapprochements. Je vieillissais et à la base, j'étais déjà plus âgée que toi, je décidai d'être sage, d'être une espèce de maman pour toi mais voilà..... le charnel ne semblait pas sortir de tes ambitions futures pour nous. Renoncements, reretour, souffrance et les larmes épuisées. 


Je m'étais brulée les ailes à la chaleur de ton sourire. Tu avais gagné, je n'étais plus raciste mais il fallait que je te perde, que je m'éloigne. L'amour m'avait réconciliée avec le monde, mais nous était impossible à nous deux. 


Tu fis une erreur majeure sur l'instant mais sans importance au final. Elle me permit de fermer la porte de mon coeur sur nos souvenirs. Je reste loin même si je pense souvent à toi mais tu n'es plus le toi que j'ai rencontré. Je ne saurais le faire revivre, il me prendrait la vie. J'ai dû décider que même si je t'aime et surtout si je t'aime,  je ne t'aime plus. 


Merci quand même pour l'importance que tu eus dans ma vie. Dommage pour le reste qui ne put être, c'eut pu mais.......

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